C’était du moins ce que l’on croyait jusqu’à ce qu’ONG et associations alertent sur l’utilisation faite de la compensation carbone. En effet, celle-ci a rapidement été détournée par certaines entreprises via le système des crédits carbone. Il suffisait ainsi pour ces dernières d’investir dans des projets à priori favorables au climat dans l’optique de générer des crédits leur permettant de ne pas remettre en cause leurs émissions. Faisant finalement de la neutralité carbone un argument tenant davantage du greenwashing.
L’ADEME elle-même tirait la sonnette d’alarme en 2021 sur l’usage abusif de l’allégation de neutralité carbone ainsi que sur son non-sens à la seule échelle des entreprises puisque cela reviendrait à ignorer les émissions indirectes dans le calcul (fournisseurs, sous-traitants…) alors qu’elles sont majoritaires.
Ainsi et suite à des dizaines de recours en France et à l’étranger, des sociétés comme Easyjet, Gucci ou Nestlé ont abandonné la compensation carbone en 2023 pour privilégier une stratégie prévoyant la réduction des émissions au sein de leurs activités.
En France, cette notion est davantage encadrée depuis le 1er janvier 2023 puisque les entreprises ont désormais l’obligation de rendre public un bilan détaillant leurs émissions sur l’ensemble du cycle de vie de leurs produits et services ainsi que la stratégie de réduction et de compensation mise en œuvre.
Si les organisations peuvent, moyennant ce bilan, toujours prétendre à des allégations telles que “neutre en carbone”, “zéro carbone” ou encore “intégralement compensé”, notons que la Convention citoyenne pour le climat avait demandé leur interdiction pure et simple. Ce que l’on peut aisément comprendre lorsque l’on sait par exemple que la neutralité carbone ne concerne qu’un gaz à effet de serre (le dioxyde de carbone ou CO2) sur les six reconnus par le Protocole de Kyoto (méthane, oxyde nitreux, hydrofluorocarbone, hydrocarbure perfluoré, hexafluorure de soufre).